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Le direct Haiti Inter, l'expérience musicale
La pianiste Célimène Daudet nous fait découvrir, à travers son nouvel album très personnel, “des joyaux inédits et des trésors méconnus” de la musique classique haïtienne. Lors d’une interview accordée à Haïti Inter, elle raconte sa découverte de cette musique sublime dont on ne parle presque jamais.
Pourquoi cet album, Haïti mon amour ?
Lors de mes différents voyages en Haïti, j’ai découvert des compositeurs classiques dont je n’avais jamais entendu parler et même les haïtiens, pour certains, ne savent pas qu’il existait en Haïti des compositeurs d’un tel talent. J’ai d’abord découvert des partitions puis j’ai fait des recherches, j’ai rencontré des musiciens haïtiens en Haïti mais aussi à l’étranger qui eux, avaient entendu parler de ces compositeurs. Cela a commencé comme une quête jusqu’à trouver tout un tas de partitions que j’ai déchiffrées chez moi et là je me suis dit : « il y a là vraiment des petites pépites, des merveilles, des morceaux magnifiques et je me dois de les faire connaître, les faire découvrir notamment en France où absolument personne n’a entendu parler de ces compositeurs qui s’appellent Ludovic Lamothe, Justin Élie, Edmond Saintonge… »
Pour cet album j’ai fait une petite sélection à travers les partitions que j’ai reçues et aussi mes goûts personnels. La raison principale de ce disque, c’est de faire connaître une partie de la culture haïtienne qu’on ignore trop. On connaît par exemple très bien les écrivains haïtiens, les peintres, les musiciens compas mais les compositeurs classiques on n’en parle jamais. Je pense que c’est vraiment une perte de ne pas les connaître, un oubli important. Donc en ce qui me concerne, j’ai très envie de contribuer à les faire découvrir, il y a des choses absolument magnifiques dans leur musique.
Comment vous vous êtes procuré ces partitions anciennes ?
D’abord à travers mes rencontres en Haïti puis en cherchant auprès d’autres pianistes haïtiens. C’est comme si je tirais un fil qui tirait un autre et petit à petit, j’ai pu récupérer des partitions à la Société de Recherches et de Diffusion de la musique haïtienne de Montréal, une institution qui s’occupe de récolter les partitions des compositeurs haïtiens. C’est donc grâce à eux que j’ai pu avoir accès à beaucoup de choses.
Avez-vous été surprise qu’Haïti ne soit pas seulement la terre du Compas ?
Au fond, cela ne m’a pas beaucoup surpris parce que je savais qu’il y avait une tradition de musique classique en Haïti notamment au début du 20e siècle. D’ailleurs ma mère m’avait raconté des choses. Quand elle était petite, elle habitait à Ouanaminthe et dans cette ville frontalière avec la république dominicaine, on diffusait de la musique classique sur la place publique à travers des hauts parleurs. Donc je savais qu’il y avait toute une histoire avec la musique classique en Haïti et je sais qu’Haïti est un pays extrêmement créateur et créatif. Donc je me disais qu’il doit forcément y avoir des choses.
Le dernier morceau sur le disque est une composition de Chopin. Pourquoi Chopin sur un disque de musique classique haïtienne ?
Chopin est un clin d’œil à Ludovic Lamothe qu’on appelait le Chopin noir. Pourquoi ? parce que tout d’abord, il a été très inspiré par Chopin dont il adorait la musique. Ludovic Lamothe était lui-même pianiste et quand il donnait des concerts en Haïti ou dans la caraïbe, il jouait beaucoup de morceaux de Chopin et dans ses propres compositions, on sent tout de suite une inspiration et une influence de Chopin. Ce que je voulais montrer à travers ce choix, c’est qu’en Haïti comme en Europe, beaucoup de compositeurs ont été inspirés par Chopin. Par exemple Liszt adorait Chopin et c’est pour cela qu’il a transcrit des œuvres de Chopin pour piano. Donc Chopin est un compositeur qui a marqué vraiment l’histoire du piano et jusqu’en Haïti mais aussi en Europe évidemment. C’était vraiment ce petit clin d’œil que je voulais faire.
Sur la pochette du CD, il y des peintures naïves mais aussi votre photo avec les mains sur le cœur…
Ce geste, les mains sur le cœur, représente vraiment tout mon amour pour Haïti. J’ai quelque chose de très sentimental avec Haïti, c’est un pays que je découvre de plus en plus mais je n’y ai pas grandi. A chacun de mes voyages, je suis de plus en plus attachée à ce pays. Pour moi, il y a quelque chose de très fort et de très intense, c’est comme se relier à ses racines en quelque sorte. Ce geste exprime tout mon amour, tout mon respect pour Haïti.
Écrit par Haïti Inter
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