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Le direct Haiti Inter, l'expérience musicale
today12 février 2025 466 7 3
Dans une interview exclusive accordée à Haïti Inter, Yvon André, alias Kapi, le percussionniste du légendaire groupe haïtien Tabou Combo, revient sur l’histoire fascinante de cette formation musicale qui a traversé les décennies.
L’aventure Tabou Combo commence en 1967-1968, sous le nom initial de « Los Incognitos » (« Les Inconnus »). Mais tout change en 1968 lorsqu’une prestation télévisée en Haïti pousse le groupe à adopter un nouveau nom. L’inspiration vient de « Tabou Fleur », une boutique de fleurs située à Port-au-Prince. « Combo » est ajouté en référence aux formations musicales haïtiennes de l’époque, comme Ibo Combo.
Lors de cette première apparition, le groupe remporte un concours, confirmant ainsi son potentiel. Pourtant, à ses débuts, Tabou Combo était loin d’imaginer une carrière aussi longue. « On était juste des jeunes de 16-17 ans qui jouaient pour plaire aux filles et passer le temps », raconte Kapi.
Le 11 août 1970 marque un tournant. Tabou Combo organise un bal d’adieu à l’Hôtel Ibo Lélé, car plusieurs membres du groupe partent à l’étranger pour leurs études. Albert Chancy, l’un des compositeurs-clé, est envoyé au Canada pour suivre une formation en business, mais la musique ne le quitte jamais. Jouant dans des restaurants, il réalise qu’il peut vivre de sa passion.
Pendant ce temps, les autres membres s’installent à New York. Dès novembre 1970, le groupe renait en intégrant de nouveaux musiciens, dont le talentueux Dadou Pasquet. En 1972, sort leur premier album « Tabou Combo à la Canne à Sucre », marquant leur retour sur le devant de la scène.
Le succès international avec « New York City »
En 1974, Tabou Combo signe un exploit historique avec « New York City », premier morceau haïtien à atteindre la première place du hit-parade français. « On a vendu plus d’un million d’exemplaires ! », se remémore Kapi avec fierté. Ce succès fait du groupe le premier ambassadeur international du compas haïtien.
Tabou Combo ne se contente pas de jouer du compas traditionnel : il intègre des influences américaines comme James Brown et Kool & The Gang. « Nous avons modernisé le compas en ajoutant des cuivres et en remplaçant l’accordéon par un clavier », explique le percussionniste.
Au fil des années, le groupe se bat pour la reconnaissance du compas comme genre musical à part entière.
Il dénonce notamment le manque de protection des droits d’auteur en Haïti. « Des artistes internationaux ont repris nos morceaux sans donner de crédit aux compositeurs haïtiens », déplore-t-il, citant l’exemple d’un procès remporté par le fils de Nemours Jean-Baptiste contre le chanteur dominicain Juan Luis Guerra.
Tabou Combo, sauveur du compas face au zouk
Dans les années 80, le compas est menacé par l’essor du zouk. « Les radios haïtiennes ne jouaient plus que du zouk », raconte Kapi. Tabou Combo réagit en affrontant les ténors du genre lors de concerts à New York, Miami et Haïti. Leur stratégie fonctionne : le compas retrouve sa place dans le paysage musical.
Aujourd’hui, après 57 ans de carrière, Tabou Combo reste une référence incontournable de la musique haïtienne. « Nous avons relevé tous les défis et nous continuerons à faire rayonner le compas partout dans le monde », conclut Kapi.
Tabou Combo en quelques dates :
Une légende vivante, à jamais gravée dans l’histoire de la musique haïtienne !
Écrit par Haïti Inter
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