Leslie Voltaire et sa rencontre avec Macron: vers une restitution de la dette ?

Lors d’une interview accordée à Haïti Inter le 29 janvier 2025, Leslie Voltaire, président du Conseil présidentiel haïtien, est revenu sur sa rencontre avec Emmanuel Macron. Il a mis en avant les enjeux de sécurité, de gouvernance et de redressement économique, tout en réitérant à la France sa demande de réparations et de restitution de la dette de l’indépendance.

Leslie Voltaire, en visite officielle en France, a été reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron. Les deux hommes ont évoqué les multiples problèmes que traverse Haïti. Parmi les thèmes abordés, la situation critique de la sécurité en Haïti et les trafics illégaux qui affectent le pays : drogue, traite des êtres humains, trafic d’organes et de munitions en provenance de la République dominicaine, des États-Unis et de la Colombie.

Concernant la stabilisation du pays, le président du Conseil présidentiel haïtien a sollicité auprès d’Emmanuel Macron un soutien pour la police haïtienne et pour la transformation de la force kényane en une véritable mission de maintien de la paix. D’après Leslie Voltaire, le président français s’est engagé à collaborer avec la Chine pour aider l’ONU à financer cette mission.

Leslie Voltaire nous a assuré que c’est Emmanuel Macron lui-même qui a abordé la question des réparations et de la restitution de la dette de l’indépendance. En réponse, Leslie Voltaire a rappelé qu’il s’agit d’un mouvement mondial et qu’il est anormal que la population française ignore encore largement le rôle central de la France dans l’esclavage à Saint-Domingue et la mise en place du Code noir. Il a insisté sur les séquelles profondes laissées par ce système sur la société haïtienne.

En plus des réparations morales et historiques, Haïti demande la restitution des fonds prélevés par la France à partir de 1825 sous la forme d’une « rançon » exigée par Charles X. Cette dette, qui s’élevait à 150 millions de francs or, a plongé Haïti dans un endettement prolongé, qui ne s’est achevé qu’en 1947. Leslie Voltaire a également rappelé que les Américains avaient acheté cette dette et pillé l’or de la Banque nationale haïtienne pour en prendre le contrôle.

Emmanuel Macron a proposé d’envisager une forme de réparation axée sur l’environnement, la sécurité et l’éducation en Haïti. Il a aussi évoqué un travail de sensibilisation en France pour mieux intégrer ce passé colonial dans la conscience collective. Une annonce officielle sur cette question est attendue le 17 avril, date du 200e anniversaire de l’ordonnance de Charles X.

Toutefois, si Emmanuel Macron semble avoir ouvert la porte à des discussions sur une forme de réparation, rien ne garantit que la France accédera à la demande de restitution de la dette de l’indépendance. Historiquement, les autorités françaises ont toujours évité d’engager un débat concret sur cette question, et les enjeux diplomatiques, politiques et financiers en jeu rendent improbable un remboursement direct. L’annonce attendue le 17 avril pourrait donner des indications sur la position définitive de la France, mais il reste à voir si elle répondra aux attentes d’Haïti ou si elle se limitera à des engagements symboliques.