Poète et romancier, Makenzy Orcel est un écrivain hors du commun. Sa manière d’être au monde se confond parfois avec celle de ses personnages. On l’imagine peintre. Ses tableaux seraient complexes. Un regard de loin comme de près donnerait le cubisme de Picasso, l’impressionnisme et le naturalisme de Van Gogh, au-delà des mots dont il se pare pour exprimer la douleur de vivre sans être résigné.
Interview réalisée par Tcheïta Vital à Paris en 2017.
Rencontrer cet auteur atypique, l’entendre parler, c’est
rencontrer tous ses personnages. La générosité l’habite. D’ailleurs il écrit d’abord
et avant tout pour ses proches et ses amis, ceux qui le sont déjà et ceux qui
vont le devenir en le lisant. Dans les inoubliables, l’écrivain généreux
n’hésite pas à prêter sa plume, ses mots jusqu’à faire corps avec cette femme
qui lui parle du jour où elle a ouvert sa porte à cette fille. Celle qu’elle
verra partir sous les décombres, faute à ce séisme du 12 janvier 2010. Celle à
qui elle avait appris le métier de « pute ». Celle à qui elle reprochait
de passer trop de temps à lire car n’est-ce pas à cause de cela qu’elle finira,
agonisante des jours durant.
Ca, c’était en 2010, puis arrive l’année 2016 et avec elle
le thème de la mort dans l’ombre animale. Dans ce roman, l’auteur quitte
un temps la capitale haïtienne pour nous emmener dans l’arrière pays. Mais, il
ne sera pas seul. Il y aura Makenzy, le père, Orcel, le fils, la mère, la sœur,
les autres mais surtout la mort, ce compagnon omniprésent…
Si Orcel veut démystifier la mort, pourtant son roman L’ombre animale la mystifie un peu plus : on entend parler la mort, on la verrait presque. On retiendra de l’ombre animale la quête de l’amour d’un père, de la liberté d’être et de vivre, de la liberté trouvée dans la mort…
Chez Makenzy Orcel, La poésie est prose et la prose est poésie. Lui se dit musicien. Son instrument : le stylo, les mots sont les cordes et la caisse de résonnance, le livre. Il suffit de parcourir une page, de la tourner pour en apprécier la divine mélodie. Une mélodie mélancolique, douloureuse. La tristesse côtoie la joie.
Makenzy Orcel, c’est aussi une enfance faite de solidarité, d’abandon, de solitude. La solitude dans la foule de solidarité qui habite sa mère. Celle qui s’assurait que sa voisine avait de quoi manger avant de passer à table. Ce partage, on le retrouve dans son œuvre. On vit et espère avec ses personnages. Pourtant, il ne faut pas lui parler d’espoir. Ce mot, il l’a en horreur car pour lui l’espérance implique l’inaction alors que vivre c’est se mouvoir et agir sur les choses.
Dernier roman Maître-Minuit, paru en 2018, édition Zulma.
Dans la seconde moitié de la décennie 1950 marquant la naissance du compas, on assista à l’expansion d’un nouveau phénomène, les mini-jazz ou les groupes de musique dansante. Dans cette nouvelle dynamique, de nouveaux acteurs musicaux s’imposèrent à Port-au-Prince, comme Weber Sicot, Murât Pierre, Gérard Dupervil. La province, le « pays en dehors » selon l’expression de Gérard Barthélémy, ne fut pas en reste, avec les groupes Méridional dans le […]
L’interview et l’article donne très envie de découvrir les histoires et les poètes de monsieur…
Je commencerais par l’ombre animale qui m’intrigue énormément.
Koita on 11 août 2019
L’interview et l’article donne très envie de découvrir les histoires et les poètes de monsieur…
Je commencerais par l’ombre animale qui m’intrigue énormément.