Fabrique littéraire

Carl Brouard, le poète bohème

today12 décembre 2020 1790 22

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Carl Brouard naît à Port-au-Prince en 1902. Considéré comme l’un des maîtres à penser de l’indigénisme haïtien, le poète est également célèbre pour son mode de vie bohème. Au soir de sa vie, il confiera : « Mon passé fut nauséabond. »

En effet, Carl Brouard était un familier des bistrots et des maisons closes de Port-au-Prince. Ce qui était un scandale pour l’époque. A la suite d’une embrouille avec son père, il quitte la maison familiale pour aller s’installer dans les quartiers populaires de la capitale. C’est de cette époque que datent ses premiers vers, qu’il a livrés dans Écrit sur du ruban rose. En 1927, il collabore à la revue La Trouée, avec Jacques Roumain, Richard Salnave et Max Hudicourt, revue éphémère remplacée par la Revue Indigène, dont il devient l’un des poètes assidus. Il y publie de brefs poèmes, les uns délicats, à la manière des « proses » d’Écrit sur du ruban rose, les autres, sensuels et quelque peu cyniques.

A 30 ans le poète a toujours le même train de vie: la fringale du plaisir, la lecture et l’écriture. Bientôt ce sera l’attirance du vaudou. Voilà qu’il se décide à se marier, en cette même année 1936, où son père est nommé ministre des Travaux publics puis maire de Port-au-Prince. Ce ne fut pas ce qu’on appelle un grand mariage. Carl Brouard choisit sa femme parmi celles qu’il fréquentait dans les quartiers populaires. Il épousa Anna Lerebours. Il en aura deux filles, dont l’une deviendra sœur de la Sagesse, sous le nom de sœur Olga.

En 1938, Carl Brouard fonde la revue Les Griots avec Lorimer Denis, François Duvalier et Clément Magloire fils (Magloire Saint-Aude). Cette revue paraîtra jusqu’en 1940, grâce à l’aide du maire Raphaël Brouard.

La période la plus féconde de l’écrivain se situe entre les années 1927 et 1944. Durant ces dix-sept ans, Carl Brouard a publié dans les journaux de la capitale de nombreux poèmes, des articles de théorie et de critique ainsi que Dialogue des dieux et le Livre des Loas-Petros. De 1944 à 1963, au contraire : période creuse. C’est le silence de Carl Brouard, qui glisse vers une déchéance irrémédiable. Sa vie n’est guère plus qu’une suite de stations dans les bistrots. Dès lors, sa production littéraire s’interrompt. En 1962, le Gouvernement le décore et le fête pour son soixantième anniversaire. Cette attention officielle semble avoir excité quelque peu son génie qui s’éteignait et l’avoir porté à la réflexion. Il publie dans divers journaux des « Pensées ».

Le 27 novembre 1965, on le trouve dans le ruisseau, emporté par la mort dans l’inconscience de l’ivresse. Le Gouvernement lui fit des funérailles nationales.

Écrit par Guy Ferolus

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