Art populaire

La chanteuse Toto Bissainthe, une icône de la résistance à l’oppression

today8 juin 2020 897 5

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    Spécial Toto Bissainthe Tcheïta Vital

Comédienne et chanteuse, Toto Bissainthe a dédié sa vie à la justice et à son pays natal, Haïti. Née Marie Clotilde Bissainthe le 2 avril 1934 à Cap-Haïtien, elle a grandi dans une période marquée par les séquelles de l’occupation américaine, durant laquelle Haïti a souffert de pillages, de persécutions des adeptes du vaudou et de crimes divers. Dès son plus jeune âge, elle s’est engagée à défendre les opprimés, en particulier les paysans haïtiens.

À l’adolescence, Toto Bissainthe quitte Haïti, posant d’abord ses valises aux États-Unis avant de s’installer en France à l’âge de 19 ans en 1953. C’est à Paris qu’elle embrasse une carrière de comédienne, fondant la première compagnie de théâtre d’acteurs noirs, Les Griots. En 1959, elle joue dans « Les Tripes au Soleil », un film qui provoque une vague d’indignation pour avoir exploré une romance interraciale, mais ce scandale ne fait que renforcer sa détermination.

Toto Bissainthe se distingue également au théâtre, notamment dans « Le Tableau » mis en scène par Ionesco en 1962, et au cinéma avec « Le Noir » de… » d’Ousmane Sembène en 1966. Parallèlement, elle développe sa carrière musicale, inspirée par son héritage haïtien et le vaudou. En 1967, elle sort son premier album, mêlant des classiques français à des compositions haïtiennes, marquant le début d’une série d’albums où elle célèbre et défend sa culture.

Durant sa carrière, Toto Bissainthe utilise sa voix et son art pour dénoncer les injustices en Haïti, particulièrement sous la dictature. Son engagement se manifeste également dans ses œuvres musicales, où elle puise son inspiration dans le vaudou et les traditions paysannes. En 1977, elle franchit un nouveau cap en consacrant son art à Haïti, malgré la censure du régime en place.

En 1989, dans le film « An Alé » d’Irène Lichtenstein, Toto Bissainthe visite l’île de Gorée au Sénégal, un symbole poignant de la traite négrière. Ce voyage introspectif reflète sa quête perpétuelle de justice et de compréhension des racines de l’oppression. Malgré l’exil et les difficultés, elle revient en Haïti après le départ de Baby Doc en 1986, constatant avec amertume les ravages de la dictature.

Toto Bissainthe meurt en Haïti en 1994, à l’âge de 60 ans, laissant derrière elle un héritage inestimable. Elle a joué sur les plus grandes scènes internationales, collaboré avec des artistes comme Ti Coca, et a travaillé avec le Ferdinand Dor Jazz Quartet. Sa carrière a été marquée par des apparitions dans des films comme « Haitian Corner » de Raoul Peck et « L’Homme sur les Quais », avec une composition musicale d’Amos Coulanges.

Toto Bissainthe reste une figure emblématique, non seulement pour son talent artistique, mais aussi pour son engagement indéfectible envers la justice et Haïti. Son parcours témoigne d’un amour profond pour son pays, une passion qui a guidé chacun de ses choix et inspiré de nombreuses générations. Aujourd’hui encore, son héritage continue de résonner.

Écrit par Tcheïta Vital

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