Fabrique littéraire

Jean F. Brierre, au nom des opprimés

today19 juin 2022 413 7

Background
share close

Jean F. Brierre, poète indigéniste de la première heure, a combattu l’occupation américaine, célébré l’Afrique et porté la voix des opprimés au-delà d’Haïti.

Né à Jérémie le 28 septembre 1909, Jean Fernand Brierre a fait ses études chez les Frères de l’Instruction Chrétienne et au Lycée Nord Alexis de Jérémie. Entré à l’école d’Agriculture de Damien, il entame par la suite une carrière d’enseignant. C’est alors que la muse lui fait entendre des voix douloureuses et héroïques. Il écrit Au cœur de la Citadelle et Poème à la Croix Marchaterre, inspiré du massacre d’un groupe de paysans dans la localité de Marchaterre par des soldats américains.

Entre 1930 et 1931, il est nommé Secrétaire de l’Ambassade d’Haïti à Paris par le gouvernement Eugène Roy. De retour au pays, il publie Le Drapeau de Demain. En 1932, il fonde le journal La Bataille, qui est bientôt suspendu en raison de l’état de siège imposé par le gouvernement.

L’année suivante, Jean Brierre publie Chansons secrètes, un recueil de poèmes intimiste, méditatif et pénétrant.

A partir de cette date, Jean Brierre entame une brillante carrière dans la fonction publique jusqu’à sa nomination comme Ambassadeur en Argentine.

En 1961, sous la dictature de Duvalier, il sera emprisonné pour son opposition au régime. A sa libération, il part pour la Jamaïque, où le président sénégalais de l’époque, le poète Léopold Sédar Senghor l’invite à s’installer à Dakar.

Jean Fernand Brierre est surtout l’auteur de Black Soul, un long poème en vers libres où il décrit avec talent la souffrance des Noirs, cette “race héroïque et douloureuse”.

Dans son œuvre poétique, il s’identifie à tous ces nègres qu’il connaît et qu’il a croisés à travers ses nombreux séjours à l’étranger.

Deux siècles ont passé depuis que la Bastille
A croulé, mais depuis, Nègres de l’Univers,
La terre sous vos pieds se dérobe et vacille.
Vos lèvres ont gardé tous les frissons amers,
Et dans vos yeux trop pleins de rêve et d’espérance,
La nuit est descendue ainsi qu’aux jours lointains
Où, bras liés, vous gémissiez dans la souffrance.
(Jean F. Brierre, Le drapeau de demain)

Après la chute des Duvalier en 1986 et après avoir vécu 25 ans au Sénégal, il retourne dans son pays et meurt à Port-au-Prince dans la nuit du 24 au 25 décembre 1992.

Écrit par Guy Ferolus

Noter

Commentaires (0)

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués d'un * sont obligatoires

Notre application

CONTACTEZ-NOUS

0%